Les cancers colorectaux figurent parmi les plus fréquents en France, avec plus de 47 000 nouveaux cas diagnostiqués en 2023[1]. Leur prise en charge au stade métastatique repose majoritairement sur une approche thérapeutique combinant chimiothérapie et thérapie ciblée. Toutefois, chez les patients atteints de tumeurs avancées, les options thérapeutiques restent limitées, en particulier après l’échec des traitements de chimiothérapie par FOLFOX et FOLFIRI. La mutation KRAS G12C, identifiée dans environ 3 à 4 % des cancers colorectaux, est associée à un pronostic défavorable et à une résistance aux inhibiteurs de l’EGFR utilisés seuls.
C’est dans ce contexte qu’a été menée l’étude internationale de phase I/II LOXO-RAS promue par Loxo Oncology, dont les résultats sont présentés au congrès de l’ASCO 2025 par le Dr Antoine Hollebecque, oncologue au sein du Département d’Innovation Thérapeutique et des Éssais Précoces (DITEP) de Gustave Roussy. Cette étude visait à évaluer l’association d’un inhibiteur de KRAS G12C de seconde génération, l’olomorasib, à une thérapie ciblée anti-EGFR, le cetuximab. L’objectif ? Surmonter les mécanismes de résistance en associant deux approches complémentaires pour améliorer la réponse au traitement chez des patients déjà lourdement prétraités.
Un taux de réponse prometteur
L’essai a inclus 93 patients atteints d’un cancer colorectal KRAS G12C métastatique, ayant reçu en moyenne trois lignes de traitement antérieures. Deux doses d’olomorasib ont été testées, et ce traitement innovant s’est révélé globalement bien toléré, avec une majorité d’effets indésirables de grade 1 ou 2, principalement digestifs ou cutanés, typiques de la combinaison avec un anti-EGFR.
Chez ces patients bien souvent en impasse thérapeutique, les résultats de l’essai LOXO-RAS se sont révélés très encourageants. Le taux de réponse objective au traitement, qui inclut les réponses complètes ou partielles, a atteint 42 %. Concernant le contrôle de la maladie, il a été observé dans plus de 90 % des cas. La durée de la survie sans progression de la maladie s’est élevée à 7,4 mois. Des résultats jugés positifs dans cette population difficile à traiter.
« Ces données confirment la pertinence des approches combinées pour contourner les résistances dans les cancers KRAS G12C-mutés », souligne le Dr Antoine Hollebecque. « Elles ouvrent la voie à de nouvelles stratégies thérapeutiques personnalisées dans des situations où les options étaient jusqu’ici très limitées », conclut-il.
Cette association pourrait à terme s’inscrire dans l’arsenal thérapeutique pour les patients atteints de cancer colorectal avancé, porteurs de cette mutation spécifique. Les résultats de l’étude LOXO-RAS soutiennent la réalisation d’études de phase III d’enregistrement avec ces inhibiteurs de nouvelle génération KRAS G12C.
Oral abstract session présentée par le Dr Antoine Hollebecque.
Vendredi 30 mai 2025 | 16h57 UTC-5.